Lors de mon premier article sur ce blog, j’évoquais mon envie de présenter des entrepreneurs, leur passion, leur parcours, leur vision … Et c’est avec plaisir que je consacre cette première interview à Jean François Sorain, tailleur créateur à Tours (et meilleur ouvrier de France, accessoirement).
Jean François est un ami de la famille depuis quelques années maintenant, et alors que nous travaillons sur quelques projets (#teasing !) – petite pensée à Jérôme Brisson, webdesigner à Tours, qui travaille avec nous – j’ai voulu saisir l’opportunité de présenter un entrepreneur passionné avec qui j’ai grand plaisir à collaborer. J’ai donc profité d’une réunion de travail pour en savoir plus son son histoire. Extraits.
Une vocation à contre courant
« J’ai grandis dans le Poitou. C’est ma tante qui s’est occupée de mon éducation. Ma famille voulait que je sois architecte, ou métreur, puisqu’il y avait beaucoup de travail dans le domaine à ce moment là. Mais moi, je voulais travailler dans la mode. J’avais un cousin qui était tailleur. Alors j’ai décidé de commencer par apprendre à être tailleur, avant de monter sur Paris pour être styliste. J’ai dû insister, le métier n’était pas bien vu dans la famille. »
Jusqu’à une belle rencontre
« Finalement, j’ai trouvé une place chez Monsieur Barré, au 16 rue Victor Hugo, à Tours. Ça a été une très belle histoire. Il n’avait pas d’enfant. Et ce jour là, le premier jour, il m’a dit qu’il cherchait quelqu’un pour continuer son entreprise. Si j’étais quelqu’un de sérieux, il m’aiderait à monter les échelons. Au début, ça m’a fait peur. Il fallait aussi que ma famille valide ce choix afin que je puisse faire mon apprentissage. Monsieur et Madame Barré sont donc venus rencontrer ma famille, avant de s’engager à m’aider et à me faire reprendre mes études. Je suis arrivé le 14 octobre 1969 chez eux. Deux ans après j’avais mon CAP. Ils m’ont fait bosser, énormément. J’ai ensuite dû aller faire mon service militaire en Allemagne. En revenant, Monsieur Barré a voulu me préparer encore 2 ans avant de m’envoyer dans les grandes maisons à Paris. Il m’a expliqué que dans nos métiers, si vous n’êtes pas passé dans les grandes boites, vous n’avez pas de carte de visite et pas d’image. Il m’a financé tout ça !
J’ai d’abord travaillé chez Camps de Lucas, on a travaillé pour le Shah d’Iran, la Reine Noor, toutes les grosses têtes mondiales passaient chez lui ! J’ai ensuite fait plusieurs stages, chez Dior, chez Patou, chez Yves Saint Laurent … J’ai fait des défilés … Toutes ces expériences m’ont énormément apporté. J’ai eu la chance et le privilège de faire ces formations en tant que fils de patron, pas en tant que « simple employé ». J’ai vraiment eu la formation de ces maisons là et voir, étudier tous les aspects du métier et toute la phase de conception d’un produit, les dessins, le choix des matières … Toutes ces maisons m’ont fait.
Quand je suis revenu, nous avons travaillé 2 ans ensemble, avec Monsieur Barré, avant que je lui rachète l’établissement. »
De l’installation au titre de Meilleur Ouvrier de France
« J’ai eu la chance de rencontrer quelqu’un qui avait une boutique de Haute Couture à Bruxelles et qui m’a permis de faire de la haute couture à Tours. On partageait l’atelier de Bruxelles, j’y envoyais mes dessins et il produisait, afin que ce soit plus abordable pour la Touraine. On faisait travailler 17 personnes rien qu’à Tours.
Puis un jour, ma tante, d’abord réticente à ce que je m’engage dans cette voie, m’a encouragé à devenir Meilleur Ouvrier de France.
C’est un concours, que j’ai eu du premier coup. On nous confie une pièce à réaliser, une veste de smoking en l’occurrence. J’ai pris un Mohair anglais, le même tissu que le duc d’Édimbourg, et j’ai fait un smoking blanc à petits carreaux, entièrement à la main.
Immédiatement, tout a explosé. Les gens se précipitaient chez moi. Impossible de suivre la cadence, il y avait énormément de demandes. Il fallait attendre 4 ou 5 mois pour s’habiller chez moi. »
L’exclusivité pour les clients
« Aujourd’hui, on vient chez moi, dans un premier temps, pour le conseil. Il faut trouver le bon vêtement pour la bonne personne. Il faut parler avec les clients, comprendre qui ils sont, quel est leur style, regarder leur visage, leurs épaules, leurs forme et trouver ce qui leur va. Si tu n’as pas le bon produit, tu n’essaies pas de leur vendre quelque chose qui n’est pas au top. En revenant chez moi, mes clients me demandent ce que j’ai pour eux. Il faut trouver le vêtement qui s’impose de lui même. Ensuite, on procède aux retouches et aux ajustements pour le sublimer et le rendre unique. »
La Maison Sorain vous accueille :
Au 16 Rue Victor Hugo, 37000 Tours
Du Mardi au Vendredi de 9h30 à 12h puis de 14h à 19h
Et le Samedi, de 9h30 à 12h et de 14h à 18h
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